Touvier (Paul) (1915-1996)
Né dans une famille savoyarde catholique, Paul Touvier n'a
pas
fait particulièrement honneur à ses
éducateurs de
l'institution Saint-François-de-Sales de Chambéry
qu'il
quitte à
seize ans pour un emploi d'expéditionnaire au PLM
à
Ambérieu. A la veille de la guerre,
déjà veuf, il
vit à Chambéry. Il ne se distingue pas
spécialement dans la guerre à la 8e division
d'infanterie
nord-africaine où, à la suite du bombardement de
Château-Thierry, il est retrouvé errant.
Paul Touvier avant-guerre (Tallandier).
Il revient en 1940 à Chambéry occupé
par les
Italiens et adhère à la Légion
française
des combattants en octobre, sans dépasser le modeste poste
de
responsable de quartier, ce qui est normal s'agissant d'un combattant
de 1939-1940.
La vie de Touvier prend un nouveau cours avec la création du
SOL
et de la Milice
où l'héritage
social, la notoriété combattante comptent moins
que
l'action et la
conviction idéologique. Il bénéficie
du premier
stage
de l'École des cadres de la Milice à Uriage
où
sont
détectées ses qualités de policier. Il
est
chargé
du deuxième service de la Milice en Savoie.
L'employé
obscur
disparaît. M. Paul est né. De la Savoie, Touvier
est
appelé
à Lyon où il est équipier national,
chef
régional
de la Milice (dix départements), inspecteur national et en
janvier
1944 chargé de mission au secrétariat
d'État au
Maintien
de l'ordre. La politique et la police politique apportent à
Touvier
la réussite sociale, des satisfactions psychologiques et des
avantages
matériels. Il infiltre la Résistance, interroge
des
prisonniers,
dirige des rafles, pille des biens et venge Henriot en faisant fusiller sept juifs
à
Rillieux-la-Pape,
le 29 juin 1944 . En août 1944 Touvier reste au
siège
de
la Milice à Lyon, 5, impasse Cathelin. Il ne suit pas les
Allemands.
Sans doute se croit-il protégé. Il a pu
établir
des
contacts avec la Résistance modérée.
Il veut jouir
d'une petite fortune mal acquise. L'abbé Stéphane
Vautherin
le conseille et obtient de lui la libération de prisonniers.
Il
lui
offre son premier asile clandestin en septembre 1944. Commence pour
Touvier
une fuite loin de Lyon : une pension de famille (achetée 300
000
francs)
offre un abri à Montpellier. Il se retrouve ensuite
à
Ceignac
puis à Boutencourt dans l'Oise où des membres de
sa
famille
sont arrêtés par les gendarmes qui ne
s'intéressent
pas
à Touvier, lequel présente des papiers au nom de
«
Trichet
». Le 10 septembre 1946, Paul Touvier est condamné
à mort
par contumace par la cour de justice de Lyon, et le 4 mars 1947
à la
même peine par la cour de justice de Chambéry.
Après 1967,
Touvier, qui bénéficie de la prescription des
crimes de
guerre,
vit à Chambéry dans la maison de famille. La
volonté de recueillir sa part d'héritage, ce que
les
peines accessoires interdisent, l'amène à se
découvrir. Les multiples démarches en sa faveur
de Mgr
Duquaire, protecteur et ami du couple
Touvier, aboutissent le 23 novembre 1971 à un
décret de grâce du président Pompidou.
Les
associations de résistants portent plainte en novembre 1973
contre Touvier pour complicité
de crime contre l'humanité, ce que justifient l'assassinat
des
époux Basch et la fusillade de juifs à
Rillieux-la-Pape.
Le 13 août 1992 la chambre d'accusation conclue par un
non-lieu
qui suscite une vive émotion. Le procureur
général
de Paris, Pierre Truche, forme un pourvoi devant la Cour de cassation
qui casse cet arrêt
de non-lieu le 27 novembre 1992. La Cour d'assises des Yvelines juge
Touvier et le condamne à la réclusion criminelle
à
perpétuité.
Bibliographie : René Rémond, Paul Touvier et
l'Église, Fayard, 1992.
Michèle Cointet,
Dictionnaire historique de la France sous l'occupation,
Tallandier, 2000
(Je recommande vivement cet ouvrage qui peut être
acheté
pour les C.D.I.)
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