« Je me rappelle la petite Dagmar. Elle était née à Auschwitz en 1944 de mère autrichienne et j'avais aidé à la mettre au monde. Elle est morte après que Mengele lui eut fait des injections dans les yeux pour essayer d'en changer la couleur. La petite Dagmar devait avoir des yeux bleus !... » |
« Il y a des preuves irréfutables qui démontrent que certaines expériences ont été faites sur des hommes vivants. Ce sont les dépositions de plusieurs témoins et le compte rendu de la séance de la Section de chirurgie du 16 décembre 1943 qui cite notamment: 90 castrations, 10 ablations d'ovaires et une ablation de l'oviducte. Les expériences avaient lieu dans le Block 10 du camp principal. On peut les classer comme suit : expériences visant à l'examen du cancer, expériences de stérilisation, expériences hématologiques et sérologiques. Le plus souvent, des juives étaient employées à cet effet. Beaucoup d'entre elles furent à plusieurs reprises l'objet d'expériences. On constata, après quelques essais, qu'une fois opérées, les femmes n'étaient plus bonnes pour les expériences et dès lors on les expédiait directement aux chambres à gaz.Les expériences de stérilisation au moyen de rayons étaient l'oeuvre du professeur Schumann de Berlin, lieutenant d'aviation de la Wehrmacht. Beaucoup de femmes vomissaient violemment après de telles expériences, beaucoup moururent peu après. Au bout de trois mois, chaque opérée subissait encore deux opérations de contrôle, pendant lesquelles une partie de leurs organes était incisée afin d'en vérifier l'état. C'est probablement à la suite de transformations hormonales provoquées par ces opérations que les jeunes filles vieillissaient précocement et faisaient l'impression de femmes âgées.Quant aux hommes, un testicule seulement était soumis à l'insolation. Après cette opération, ils retournaient aux Blocks généraux et, après un repos d'une journée seulement, ils étaient remis au travail, sans qu'on tienne compte de leur état de santé. Beaucoup d'entre eux succombaient à la première expérience. Ceux qui y avaient survécu étaient au bout d'un mois castrés par le même Schumann, qui collectionnait les testicules coupés et les expédiait à Berlin. On choisissait pour ces expériences des hommes et des femmes jeunes et robustes, le plus souvent des juifs de Grèce. Au cours d'une séance, trente femmes environ étaient soumises à l'insolation. De telles séances étaient organisées par Schumann deux ou trois fois par semaine. Mais c'est le professeurClauberg, gynécologue allemand, qui fut le principal expérimentateur sur des êtres humains vivants. » |
Auschwitz |
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Buchenwald |
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Dachau |
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Mauthausen |
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NatzweilerSchirmeck |
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Neuengamme |
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Ravensbrück |
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Sachsenhausen |
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« La passion de Himmler pour les expériences scientifiques, ou plutôt « pseudo-scientifiques », spécialement dans le domaine des recherches raciales, l'avait amené à créer en 1933 la société Ahnenerbe — ou Héritage des Ancêtres — dont le siège était installé 16, Pûcklerstrasse à Berlin-Dahlem et qui était chargée à partir de 1935 d'étudier tout ce qui avait trait à l'esprit, aux actes, aux traditions, aux caractéristiques et à l'héritage de la soi-disant race « nordique indo-germanique ». Le 1er janvier 1939, elle reçut un statut nouveau qui la chargea de recherches scientifiques, lesquelles aboutirent aux expériences dans les camps.Le 1er janvier 1942, la société fut rattachée à l'état-major personnel de Himmler et devint un organisme S. S. Le Comité directeur comprenait Himmler, président, le Dr Wuest, recteur de l'Université de Munich, et Sievers, ancien libraire devenu colonel S. S., secrétaire de la société, qui joua un rôle très important.C'est l'Ahnenerbe qui, sur les instructions de Himmler, provoqua, organisa et finança la plupart des expériences. L'Ahnenerbe prit un développement énorme et disposa finalement de cinquante Instituts scientifiques spécialisés. Le point de départ des expériences paraît être une demande adressée à Himmler par le Dr Sigmund Rascher » |
Compte-rendu
du Commandant RAPHAËL, du Service Cinématographique
des
Armées.
« Le
vendredi 1er décembre 1944, au cours
d'une visite
à
l'Hôpital Civil de Strasbourg pour rechercher du
matériel
photographique provenant de l'Institut allemand, le Commandant
Raphaël,
du Service Cinématographique de l'Armée, a
constaté la présence dans le
sous-sols du bâtiment de l'Institut d'Anatomie de cadavres
entassés,
dans des cuves peines d'alcool. Ces
cadavres étaient destinés aux
expériences du
Professeur Hirth,
Directeur de l'Institut. D'après
les déclarations des employés
alsaciens : Peter,
Wagner et Gabel, ces
corps auraient été livrés à
l'Institut, sur
la demande du Professeur
Hirth, par un camp d'internés politiques (Schirmeck ou
Struthof). Sur
120 cadavres commandés, 86 ont été
livrés
(dans la même journée, en
plusieurs fois) à 5h du matin. Les
corps étaient transportés nus, à
raison de 50 par
camion. Lors
de leur déchargement, les témoins ont pu
constater que
les cadavres
présentaient les caractéristiques
suivantes : Ils
étaient encore tièdes
et ne présentaient pas la raideur cadavérique.
Leurs yeux
étaient
congestionnés et rouges. Ils portaient un matricule
tatoué sur le bras.
Ils comprenaient 30 femmes de tous âges. D'autre
part, il est à signaler qu'il a été
trouvé
dans le laboratoire du
Professeur une bombe puissante à oxygène liquide
(10kgs)
destinée à
provoquer la destruction de toute l'installation, et à faire
disparaître ainsi toute trace compromettante. L'Avance rapide
de
l'armée Leclerc a empêché la
réalisation de
ce projet. Toutefois, le
Professeur Hirth a réussi à s'enfuir, mais une
partie de
ses assistants
sont restés sur place. Les
personnes dont les noms suivent sont à même de
fournir
tous détails
complémentaires sur cette affaire et de servir de
témoins : 1-
Eléments alsaciens ayant dénoncé les
agissements
du Professeur et
continuant leur service à l'Hôpital
Civil : Pater,
Wagner, Gabel. 2
- Eléments allemands (internés ou
surveillés) : Mlle Seepe, secrétaire
du Professeur Hirth ; M. et Mme Bong, assistants du
Professeur. Mr
Bong devait être fusillé, et n'a pas
été
exécuté, afin de servir de
témoin. Il est interné. En
résumé : Le nombre de cadavres, la
manière
anormale dont ces corps ont
été amenés à
l'hôpital, les
précautions prises pour pouvoir faire
disparaître toutes traces de ces installations, enfin, les
déclarations
des employés attachés à ce service,
prouvent que
le Professeur Hirth
était un triste personnage dont l'activité est
à
mettre en lumière. Il
semble qu'on se trouve en face d'une manifestation de la barbarie
allemande. Fait
à Paris, le 10 décembre 1944. |
Dessin de Serge Smulevic,
réalisé
en 1945 après sa libération :
Opération
à Auschwitz
III - Monowitz
Voir aussi ce qu'en écrit Raoul Hilberg : les expériences
médicales
(2)
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